Deux mois après le séisme, l'importance du soutien psychologique en Turquie — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Avec douze autres membres de l’ONG Humanitarian Crew, Emrah Gökalp, psychologue, prend en charge le suivi des rescapés du séisme. Elle observe la poursuite des symptômes post-traumatiques, qui parfois deviennent chroniques. « Les rescapés du séisme ont perdu des proches, mais on constate sur le terrain que les personnes n’ont pas encore pu entamer la phase de deuil, et qu’elles manifestent tous types de troubles anxieux », explique-t-elle mardi dans La Matinale.

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« J’ai parfois l’impression que la terre tremble »

Difficulté à dormir, flash-back, perte de mémoire, irritabilité ou encore symptômes dépressifs: les différents témoignages recueillis par la RTS font état d’un stress continu. Originaire de la région d’Antakya, Melis a réussi à déménager à Ankara, avec son fils et son mari. Bien qu’elle soit désormais en sécurité, elle n’a toujours pas surmonté le choc.

« Nous subissons tous encore les effets de ce traumatisme. Par exemple, j’ai parfois l’impression que la terre tremble quand je suis assise. Si nous voyons un objet bouger, on se demande si c’est un séisme ». Cette mère de famille a beau savoir qu’elle ne se trouve pas sur une zone sismique, son cerveau ne considère plus cette information comme fiable.

Perte de  l’attention médiatique

« Même à Ankara, quand je marche dans la rue et que je passe à côté d’un immeuble élevé, j’ai peur. Je me dis que s’il y avait un séisme à ce moment précis, l’immeuble risque de s’effondrer dans la longueur, et j’essaie automatiquement de calculer jusqu’où le bâtiment s’effondrerait », poursuit-elle.

Depuis le lancement de la campagne électorale, les villes de la zone sinistrée ont perdu l’attention médiatique. L’assistance en produits de base a également considérablement diminué. Les habitants d’Antakya se résignent à devoir attendre des mois, voire des années, avant de pouvoir réintégrer un logement décent. A un mois des élections législatives et présidentielle du 14 mai, ils ne cachent plus leur colère contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.

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Céline Pierre-Magnani/hkr