Près de 50 personnes ont perdu la vie lors des émeutes des derniers jours au Kazakhstan. Selon les autorités, 26 « criminels armés » ont été tués, alors que 18 membres des forces de l’ordre ont perdu la vie. Plusieurs milliers de Kazakhs ont aussi été blessés dans les deux camps.
Le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a affirmé vendredi que l’ordre avait été en grande partie « rétabli » dans le pays après plusieurs jours de troubles sans précédent. Nombre de manifestants ont été tués dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu’ils tentaient de s’emparer de bâtiments administratifs. Un retour au calme est désormais constaté.
« Les forces de l’ordre travaillent dur. L’ordre constitutionnel a été largement rétabli dans toutes les régions », a déclaré le chef de l’Etat dans un communiqué, ajoutant que les opérations de retour à l’ordre public se poursuivraient « jusqu’à la destruction totale des militants ».
Toutes les régions ont été « libérées et placées sous protection accrue », avec 70 points de contrôle établis dans le pays, ont ajouté les autorités.
Les précisions de Tout un Monde
Durant la journée de jeudi, plusieurs coups de feu ont été entendus dans le centre de la capitale économique Almaty, qui portait les stigmates des affrontements de la veille, avec des façades d’immeubles noircies par les flammes, des carcasses de véhicules calcinées et des flaques de sang au sol. Les images diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux ont montré des magasins pillés et certains bâtiments administratifs incendiés.
Des médias locaux ont affirmé jeudi soir que les forces de l’ordre avaient chassé les manifestants de la principale place de la ville et repris le contrôle des bâtiments officiels.
« Des dizaines d’assaillants ont été éliminés et leurs identités sont en cours d’identification », avait indiqué le porte-parole de la police. Le ministère de la Santé a de son côté fait état de plus de 2000 blessés, certains gravement. Les autorités ont aussi annoncé 18 morts et plus de 700 blessés parmi les forces de l’ordre.
L’état d’urgence a été décrété mercredi à l’ensemble du territoire, a indiqué la télévision d’Etat, précisant qu’il serait en vigueur jusqu’au 19 janvier. Il « restreindra la liberté de mouvement, y compris les transports », a indiqué en russe le présentateur de la chaîne, et interdira « les évènements collectifs et les cérémonies familiales liées aux naissances, mariages ou décès ».
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Le mouvement de colère a débuté dimanche après une hausse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL). Le gouvernement avait dans un premier temps tenté de calmer, sans succès, les protestataires en concédant une réduction du prix du GNL, le fixant à 50 tenges (10 centimes) le litre dans la région, contre 120 au début de l’année. La hausse des prix du gaz est perçue par la population comme injuste au vu des vastes ressources gazières et pétrolières du Kazakhstan.
Malgré les concessions du pouvoir, qui a d’abord rétabli le prix initial du gaz naturel compressé avant de limoger le gouvernement, le mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur. Le gouvernement a ensuite annoncé avoir plafonné pour six mois le prix de vente des carburants.
La Russie et ses alliés ont dans la foulée annoncé l’envoi du premier contingent de forces de maintien de la paix au Kazakhstan. « Une force collective de maintien de la paix de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) a été envoyée pour une période limitée afin de stabiliser et de normaliser la situation », a indiqué cette alliance militaire, qui répondait à une demande du président Kassym-Jomart Tokaïev.
Evoquant des « événements extrêmement préoccupants », la France a de son côté appelé « toutes les parties », y compris les forces extérieures, à la « modération ». Le gouvernement britannique a exigé un « règlement pacifique » de la crise.
Enfin, l’Union européenne a appelé la Russie à respecter la souveraineté et l’indépendance du Kazakhstan. « La violence doit cesser. Nous appelons également toutes les parties à la retenue et à une résolution pacifique de la situation. L’UE est bien sûr prête et disposée à favoriser le dialogue dans le pays », a dit un porte-parole de la Commission.
afp/boi