Troisième nuit de heurts en France après la mort de Nahel lors d’un contrôle de police

30 juin 2023

La France a passé une nouvelle nuit dans le chaos des violences urbaines de jeudi à vendredi, la troisième de suite après la mort d’un adolescent près de Paris, tué par un policier. L’agent a été mis en examen et écroué depuis pour homicide volontaire.

Nahel, 17 ans, a été tué par un tir au thorax lors d’un contrôle routier mené par deux motards de la police, après un refus d’obtempérer à Nanterre, à l’ouest de Paris. En France, l’âge minimum pour conduire légalement est de 18 ans.

19h30 / 2 min. / 29.06.2023

La mort de l’adolescent avait déjà entraîné deux nuits de violences en France, notamment en région parisienne, et le scénario s’est répété dans la nuit de jeudi à vendredi, les services de renseignement craignant une « généralisation » des violences lors des suivantes.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que 667 personnes avaient été interpellées dans la nuit de jeudi à vendredi.

Lire aussi: Les violences se poursuivent en France après la mort d’un jeune de 17 ans, tué par un policier

« Quasiment toutes les communes » en Seine-Saint-Denis

Dans le département de Seine-Saint-Denis, au nord-est de Paris, « quasiment toutes les communes » ont été touchées, souvent par des actions éclairs, avec de nombreux bâtiments publics pris pour cible comme la mairie de Clichy-sous-Bois, selon une source policière.

A Paris même, les célèbres Halles et la rue de Rivoli qui mène au musée du Louvre ont vu certains de leurs commerces et magasins « vandalisés », « pillés voire incendiés », a détaillé un haut-gradé de la police nationale.

Des policiers affrontent des protestataires usant de feux d’artifice le jeudi 29 juin 2023, à Nanterre, où est mort le jeune homme, tué par un policier. [ EPA/Julien Mattia – Keystone]

Couvre-feux

Au moins trois villes proches de la capitale ont décidé d’instaurer un couvre-feu, parfois sur plusieurs jours, sur tout leur territoire ou certains quartiers seulement, pour tous ou pour les mineurs uniquement.

Clamart, près de Paris, et Compiègne, au nord de la capitale, ont ainsi instauré cette mesure de 21h00 à 06h00 du matin. En région parisienne, bus et tramways ont cessé de circuler depuis 21h00 jeudi.

A Marseille, la devanture d’une bibliothèque municipale a été endommagée, selon la mairie. Et dans le célèbre quartier du Vieux-Port, des échauffourées ont opposé les forces de l’ordre à un groupe de 100 à 150 personnes qui aurait tenté de monter des barricades.

Bâtiments officiels ciblés

A Pau (sud-ouest), un cocktail molotov a été jeté sur le commissariat de police, a informé la préfecture du département. A Lille (nord), la mairie d’un quartier populaire du sud a été incendiée et une autre, dans l’est de la ville, a été caillassée, selon l’Hôtel de ville.

Gérald Darmanin avait annoncé la mobilisation jeudi soir de 40’000 policiers et gendarmes, dont 5000 à Paris (contre 2000 la nuit précédente).

Selon une source policière, le RAID et le GIGN, unités d’élite d’intervention respectivement de la police et de la gendarmerie, ont été déployés dans de grandes villes du pays telles que Toulouse (sud-ouest), Marseille (sud-est), Lyon (sud-est), Lille (nord), ou Bordeaux (sud-ouest).

Le gouvernement a assuré que le déclenchement de l’état d’urgence, réclamé par certaines voix de la droite politique, n’était « pas une option envisagée aujourd’hui ».

afp/ami

 

 

Une marche blanche qui se termine dans le chaos

Avant qu’éclatent de nouvelles violences, Nanterre a rendu hommage jeudi à Nahel, le jeune homme tué lors d’un contrôle routier. Une marche blanche a rassemblé plus de 6000 personnes, selon les autorités. Le cortège s’est étendu sur plusieurs kilomètres.

La mère de la victime, sur une camionnette, portant un tee-shirt « Justice pour Nahel », avait ouvert la procession. Les manifestants se sont rendus sur les lieux du drame pour y observer une minute de silence.

Mais le rassemblement s’est terminé dans la confusion, avec des heurts, des tirs de gaz lacrymogène et de fusées d’artifice, quelques feux et du mobilier urbain détruit. Au moins une banque a été saccagée et plusieurs voitures ont été incendiées.