Début de l'échange de 880 prisonniers de guerre entre l'Arabie Saoudite et le Yémen — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Fin mars, le gouvernement reconnu par la communauté internationale et les rebelles avaient conclu un accord à Berne pour échanger plus de 880 prisonniers, dont des Saoudiens et des Soudanais. La dernière opération de cette ampleur remonte à octobre 2020, lorsque plus de 1000 prisonniers avaient été libérés en 48 heures.

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L’Arabie saoudite voisine est intervenue au Yémen en 2015 pour appuyer les forces pro-gouvernementales contre les Houthis, des rebelles soutenus par l’Iran, et qui, en huit ans de conflit, se sont emparés de vastes pans du territoire du Nord et de l’Ouest de ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

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Trois régions concernées

La guerre y a provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde, avec des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, dans un contexte d’épidémies, de manque d’eau potable et de faim aiguë. Plus des trois quarts de la population dépendent d’une aide internationale qui ne cesse pourtant de diminuer.

Le processus d’échange de prisonniers doit se dérouler sur trois jours dans diverses régions du Yémen et de l’Arabie saoudite, a précisé dans un communiqué le CICR.

« Avec ce geste de bonne volonté, des centaines de familles déchirées par le conflit seront réunies pour le ramadan, apportant une lueur d’espoir au milieu de grandes souffrances », a déclaré Fabrizio Carboni, directeur du CICR au Moyen-Orient, en référence au mois de jeûne musulman en cours.

Cité dans le communiqué, il a dit espérer que « ces libérations donnent un élan pour une solution politique plus large ».

L’accord de Berne avait été conclu après un réchauffement inattendu des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, deux poids lourds du Golfe qui s’opposent sur divers dossiers, et parfois même par camps interposés dans les conflits du Moyen-Orient, comme au Yémen.

Trêve en vue

Ce revirement diplomatique a suscité des espoirs d’un apaisement de la situation au Yémen. Une rare délégation saoudienne était cette semaine à Sanaa. Elle en est repartie jeudi avec seulement un « accord préliminaire » de trêve et la promesse de « nouveaux pourparlers », selon un responsable rebelle qui a souhaité garder l’anonymat.

Selon des sources du gouvernement yéménite, qui ont aussi requis l’anonymat, les discussions portent sur une trêve de six mois ouvrant la voie à une période de pourparlers de trois mois au sujet d’une transition qui durera deux ans, au cours de laquelle la solution finale sera négociée entre toutes les parties.

La trêve doit permettre de répondre aux deux exigences principales des rebelles: le paiement par le gouvernement des salaires des fonctionnaires dans les zones rebelles et la réouverture de l’aéroport de Sanaa, strictement contrôlé par l’aviation saoudienne.

L’année dernière, les parties avaient déjà observé une trêve de six mois. Si elle n’a pas été officiellement reconduite après son expiration début octobre, la situation est restée relativement calme sur le terrain.

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afp/juma