En Ukraine, une guerre électromagnétique dont on parle peu — Genève Vision, un nouveau point de vue

0

La première est un leurre d’une trentaine de centimètres qui permet aux missiles russes Iskander-M de tromper les radars de défense aérienne ainsi que les missiles d’interception à recherche de chaleur.

Remplies d’électronique, ces petites fléchettes ont été recueillies par les services de renseignement américains, selon les révélations du New York Times. Elles pourraient expliquer le manque d’efficacité dans l’interception des missiles russes Iskander.

So we have gone for this for now: CAT-UXO adds the Russian 9B899 (9Б899), a new submunition believed to be delivered by the short-range ballistic SS-26 Iskander missile possibly the 9M723 submunition carrier version:https://t.co/nIR016Mell pic.twitter.com/A5cbXvYZ47

— CAT-UXO (@CAT_UXO) March 5, 2022

L’autre prise ressemble à un gros conteneur posé sur un camion. Ce dispositif russe nommé Krasukha-4 serait capable de brouiller les radars sur une surface qui pourrait aller jusqu’à 300 kilomètres carrés. Cette prise, relayée par les médias anglo-saxons, est assez peu documentée.

#Ukraine: We managed to identify this bizarre « container », captured today by the UA forces near #Kyiv.

It is likely to be the command post of one of the most potent Russian EW system – 1RL257 Krasukha-4, used to suppress AWACS radars & radar reconnaissance satellites. pic.twitter.com/1VvKjGoM2p

— 🇺🇦 Ukraine Weapons Tracker (@UAWeapons) March 22, 2022

Une guerre invisible

Ces nouvelles armes font partie de la guerre électronique que se mènent sur le terrain les belligérants. Ce type de technologie permet de brouiller les pistes, d’intercepter des informations ou de dévier un missile. Leur domaine sont les transmissions radar, radio ou infrarouges.

Les dernières avancées technologiques visent particulièrement les drones utilisés pour l’exploration, mais aussi pour transporter des explosifs. L’armée française dispose par exemple d’un fusil futuriste. L’antenne émet un signal qui coupe la liaison entre le drone et son pilote. L’appareil s’écrase, se pose au sol ou tombe quand il n’a plus de batterie.

Les mesures d’interférence GPS relevées par HawkEye 360 [HawkEye 360].

Cette guerre électronique n’est pas nouvelle, elle coïncide avec l’invention du poste radio militaire. Les armes électroniques apparaissent avec la Deuxième Guerre mondiale et deviennent réellement importantes au Vietnam. Dernièrement, en 2019, les Russes ont réussi à brouiller les signaux GPS en Syrie. Les outils de navigation affichaient de mauvais emplacement ou cessaient de fonctionner.

Dans le cadre de la guerre en Ukraine, des interférences du système GPS ont également été observées au Donbass et à la frontière Biélorusse. Les mesures ont été publiées par l’entreprise américaine HawkEye 360, qui analyse les données de sa constellation de satellites. Elle affirme qu’il s’agit d’une preuve de l’intégration de tactiques de guerre électronique dans l’opération russe.

En Suisse

L’armée suisse dispose également de moyens d’action électromagnétiques. Mais pas d’armes mortelles ou destructrices, même si ce type de système existe dans d’autres pays, selon l’armée.

Officiellement, la Suisse dispose du Piranha « MZS » (ou émetteur multi-usages), un brouilleur d’ondes radio mobile. Il fait partie de la composante « effecteurs » du système IFASS. Le détail est classé confidentiel.

Vidéo de présentation du groupe de spécialistes militaires suisses formés à la guerre électronique

Cette guerre électronique est même encadrée par une ordonnance sur la guerre électronique et l’exploration radio. En temps de paix, pour l’armée suisse, l’exploration radio est interdite sur toutes les fréquences civiles suisses. Le brouillage est lui permis uniquement sur les fréquences militaires suisses et à des fins d’entraînement.

Pascal Wassmer