Ukraine: les organisations humanitaires redoutent une catastrophe — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Les pays voisins ont gardé leurs frontières ouvertes pour les réfugiés fuyant l’Ukraine. La plupart ont fui vers la Pologne, la Hongrie, la Moldavie, la Roumanie, la Slovaquie, tandis que d’autres se sont dirigés vers divers autres pays européens. « Nous savons également qu’un nombre non négligeable de personnes se sont déplacées vers la Fédération de Russie. Les autorités nationales assument la responsabilité de l’enregistrement, de l’accueil, de l’hébergement et de la protection de ces réfugiés », affirme le HCR. Qui exhorte les gouvernements à garantir l’ouverture de leur territoire : aux Ukrainiens, et aux ressortissants de pays tiers vivant en Ukraine, forcés d’échapper à la violence. « Nous insistons sur le fait qu’il ne doit y avoir aucune discrimination à l’encontre de toute personne ou groupe ».

De nombreuses victimes parmi les civils

Selon une porte-parole de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, « entre le 24 février au matin et la nuit du 28 février à minuit, notre Bureau a enregistré 536 victimes civiles en Ukraine. Parmi elles, 136 civils ont été tués, dont 13 enfants, et 400 civils ont été blessés, dont 26 enfants. La plupart de ces victimes ont été causées par l’utilisation d’armes explosives ayant une large zone d’impact, y compris des tirs d’artillerie lourde et de systèmes de roquettes à lancement multiple, ainsi que des frappes aériennes. Il ne s’agit là que des pertes que nous avons pu recouper, et le bilan réel est probablement beaucoup plus élevé ».

Florence Gillette, cheffe de la délégation du CICR à Kiev, fait écho à ces alertes : « Nous sommes extrêmement soucieux du fait que le conflit touche des zones très densément peuplées, y compris la capitale Kiev et d’autres grandes villes. Comme nous l’avons constaté à maintes reprises partout dans le monde, dès lors que des quartiers sont pris pour cible, les conséquences pour les civils, y compris les enfants, les malades et les personnes âgées, sont tout simplement dévastatrices ».

Garantir la protection de la population civile

Et la représentante du CICR d’ajouter : « Nous demandons instamment aux parties au conflit de ne pas oublier leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. Il est de leur devoir de garantir la protection de la population civile et de toute personne ne prenant pas part au combat, à savoir les détenus, les blessés et les malades. Le droit international humanitaire est clair : tous les acteurs impliqués dans le conflit ont l’obligation légale de s’assurer que les opérations militaires sont planifiées et conduites de manière à garantir la protection des civils et des biens civils ».

Daniel Suda-Lang, directeur de Handicap International Suisse réagit aussi : « L’invasion militaire de l’Ukraine, et notamment l’utilisation d’armes explosives lourdes dans les villes, suscite de graves inquiétudes concernant la protection des civils. Conçues pour être utilisées sur des champs de batailles ouverts, les armes utilisées touchent les civils à 90%. Certains affirment effectuer des « frappes chirurgicales » mais nous savons qu’en réalité l’imprécision et la puissance des armes explosives provoquent inévitablement des dégâts sur les civils. Une frappe visant une cible militaire, comme un aéroport, par exemple, peut endommager une zone résidentielle située à 300 mètres de distance ».

Les enfants victimes aussi

Parmi les victimes les plus vulnérables figurent les enfants. Fortement préoccupée par la situation, Terre des hommes alerte sur le stress de tous les enfants en Ukraine. « L’escalade des hostilités en Ukraine impacte la population civile et des enfants fortement stressés par des années de tensions ».

Afshan Khan, Directeur régional de l’UNICEF pour l’Europe et l’Asie centrale renchérit : « L’opération militaire en Ukraine représente une menace immédiate pour la vie et le bien-être des 7,5 millions d’enfants du pays. Des attaques majeures ont été perpétrées à Kiev, créant une grande peur et une panique au sein de la population, avec des familles vraiment effrayées, se déplaçant avec leurs enfants dans les métros et les abris. Il s’agit clairement d’un moment terrifiant pour les enfants du pays ».

Appel de fonds

L’UNICEF appelle toutes les parties à s’abstenir d’attaquer les infrastructures essentielles dont dépendent les enfants – notamment les systèmes d’eau et d’assainissement, les installations sanitaires et les écoles. « On nous signale déjà de graves pénuries, ainsi qu’un nombre croissant de demandes de soutien psychologique et de soins pour les enfants ».

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) craignent que des millions de personnes ne soient confrontées à des difficultés et des souffrances extrêmes si l’accès à l’aide humanitaire n’est pas amélioré et si celle-ci n’augmente pas rapidement.

Les Nations Unies et les partenaires humanitaires ont lancé mardi 1er mars des appels d’urgence coordonnés pour un montant total de 1,7 milliard de dollars US afin d’apporter une aide humanitaire d’urgence aux personnes en Ukraine et aux réfugiés dans les pays voisins.

Les Nations unies estiment que 12 millions de personnes en Ukraine auront besoin de secours et de protection, tandis que plus de 4 millions de réfugiés ukrainiens pourraient avoir besoin de protection et d’assistance dans les pays voisins au cours des prochains mois.

Luisa Ballin