Une nouvelle ambition pour la Genève internationale — Genève Vision, un nouveau point de vue

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On y trouve tout ce que qui se concocte dans les laboratoires, on y annonce tout ce qui va nous arriver, l’intelligence artificielle, la révolution quantique, l’humanisme augmenté, le robot apprenant. Autant d’opportunités, autant de risques.

Les scientifiques ont inventorié plus de 200 travaux de recherche qui sont susceptibles de bouleverser nos vies. Mais on serait tenté de dire que c’est la partie la plus facile du projet, car les scientifiques ont appris depuis longtemps à travailler ensemble au-delà des frontières, des nationalismes et des idéologies. Il serait bien sûr illusoire de croire que seuls les savants sont à même de conduire le monde selon un mythe platonicien. Savoir ne permet pas encore d’actionner les énergies. Sinon, les recommandations climatiques du GIEC seraient depuis longtemps déjà mises en œuvre.

La fondation ne se veut ni une ONG, ni un think tank de plus. Il y a le souci de ne pas doublonner inutilement. Elle se présente comme un médiateur, un facilitateur ou, autre image, un « courtier ». Mais il faudra encore faire la preuve que l’inventaire raisonné débouche sur du concret. Peter Brabeck-Letmathe, Président de la fondation en est conscient. « Le plus grand défi, dit-il, ce sera de garder l’enthousiasme du projet ». Tout reste donc à faire.

L’espoir du prédictif

Dans cette époque déboussolée, il est tentant de se raccrocher à l’espoir du prédictif absolu qui nous mettrait à l’abri des ennuis et unirait tous les peuples dans le même élan salvateur. La pandémie mondiale et les incertitudes qu’elle a générées nous poussent désespérément à décrypter le futur, à tout prix.

Tout au long du sommet, on entendait la musique insistante de la rationalité qui se débat dans un monde mu par l’émotion. Les académiciens et les scientifiques sont souvent frustrés de voir leurs paroles sages ne pas être écoutées, et leurs solutions être dédaignées.

Le choix de la Genève internationale est judicieux. Siège de nombreuses organisations internationales dans pratiquement tous les domaines, centre scientifique avec le CERN, académique avec les universités et plus loin l’EPFL, experte du multilatéralisme, elle présente des atouts indéniables. S’il y a un lieu au monde où la GESDA est en mesure de concrétiser ses projets, c’est bien en Suisse romande.

Un choix stratégique

Choix stratégique aussi. Il n’est pas indifférent d’imaginer les règles du futur dans un pays qui n’affiche aucune volonté hégémonique, aucun agenda caché. La Suisse offre cette plateforme indépendante et neutre où tous les acteurs du multilatéralisme peuvent se retrouver en confiance.

Installer la fondation au cœur de la Suisse romande est donc un argument de plus pour prendre au sérieux l’initiative GESDA, déjà soutenue par la Confédération et par de nombreux partenaires.

Car sauver le monde sera un projet collectif, ou ne sera pas.

André Crettenand